mardi 8 septembre 2009

C'est comme ça..


J'aimerais parfois retrouver l'odeur de mon enfance; celle des érables sillonant le chemin de l'école, j'adorais, ça me rassurait. Je retrouvais chaque matin cette familiarité, comme si rien n'avait changé.
Rien changé. En réalité, j'aurais aimé que ça change, mais je ne voulais pas que ça empire.
Lorsqu'on est gamin, que l'on ressent depuis un âge tendre que la vie à court therme ne va pas être évidente, on prend sur soit et on pense que c'est comme ça. On ne se pose pas plus de questions mais le sentiment d'étrangeté est bien présent.
Pourquoi moi? me disais-je. J'ai peut-être fait quelque chose de mal, il faut que je me comporte encore mieux, il faut que je sois parfaite.
Atteindre la perfection jour après jour, afin de lui plaire, afin de ne pas la décevoir, afin de lui paraître grande et mûre.

Qu'elle soit fière de moi.


Cette lutte devient normale, pas banale, mais elle s'intègre dans la vie. On apprend à vivre de cette façon car on pense que c'est comme ça.

Plus tard, ça devient pesant. Mais la timidité se converti en interdit, en cachotterie face aux autres, en humilité se disant qu'il y a pire que soit. Certes, mais la douleur persiste.

C'est à ce moment là que l'amitié devient indispensable, que les moments partagés deviennent tellement précieux, que lorsqu'il est l'heure de rentrer.. on ne dit rien, on ravale ce ressentiment d'amertume face aux adieux. Adieux qui ne sont qu'un "à demain", mais une coupure momentanée d'échapatoire paisible, ou le jugement n'existe pas, ou la seule chose à laquelle je pensais c'était de profiter de ces instants précieux... ses gestes, ses sourires, son partage.

Elle avait des jeux itinérants plein son armoire, je n'avais que ce dont on pouvait se permettre et mes moments volés à lire des livres à la bibliothèque -manque de moyens.
Elle avait des poupées anciennes, de beaux habits pour celles-ci et de belles coutures de sa grand-maman.. comme ce précieux chouchou rose pâle que nous avions reçu à double. Comme ces jupes écossaises apartenant à sa maman et sa tante.. on partageait.

Elle avait ce dont une gamine de cette âge peut avoir de plus normal... et surtout sa gentillesse, car grâce à celle-ci je pouvais m'évader, profiter un temps soit peu de cette enfance que je ne retrouvais que chez elle ou sur le chemin de l'école, car seule je pouvais rêver et ne plus penser aux obligations.

La mélancolie peut parfois jouer des tours, la mienne ne m'est plus amère, elle m'envahit parfois pour me rappeler pourquoi cet air enfantin m'accompagne encore.... parce que grâce à lui tout me semble moins sérieux, plus joyeux, parce que grâce à lui j'ai l'impression non de ratrapper mon enfance, mais de gagner au temps et de pouvoir cette fois-ci vivre MA vie comme je le veux.. sans râter l'innocence et l'insouciance perdue.

Mais je ne regrette rien...

Elle m'a peut-être volé un peu de mon enfance, mais je m'y suis tellement attachée que le jour ou elle est partie, j'ai décidé de vivre à sa place. De vivre pour deux.. de ne pas répéter ses erreurs et de lui redonner vie pour lui dire que je ne lui en veut pas... j'ai appris au contraire, j'ai appris qu'il faut vivre, positiver et ne rien laisser entraver les petits moments de bonheur.

Peut-être que quelque part elle serait fière de moi maintenant, de savoir que je ne lui reproche rien, que je la remercie de m'avoir -sans le vouloir- donner une vision de la vie que personne ne m'arrachera et de vivre un peu à travers elle, car la remémorer m'aide dans mon chemin et dans mon apprentissage de la vie.

C'est comme ça..

3 commentaires:

Pascale a dit…

très très touchant ...

nam a dit…

magnifique lettre ... qui laisse un trouble

Vanessa a dit…

@nam: c'est vrai? lequel?
@Pascale: t'es choue..